Nicole Bastin est diplômée du Master Etudes sur le Genre depuis 2020. Elle a intégré le Master 2, Corps et Biopolitique en 2018, qu’elle a réalisé en deux ans. Monteuse de bande annonces depuis 2005, elle a fait plusieurs constats dans l’exercice de sa profession qui l’ont amenée à entamer une réflexion sur la place des personnages féminins dans les films : « tous les plans clés qui impliquent des femmes sont des plans où elles sont l’objet d’un regard, que ce soit un regard de désir, un regard de violence […] et il est vraiment difficile de faire une bande annonce où la femme est active et où elle parle». Elle s’est également questionnée sur la manière dont sont représentées les violences faites aux femmes au cinéma. Elle explique avoir pris conscience de sa participation, malgré elle, à la diffusion de scènes problématiques et a eu besoin de mettre cela en réflexion afin de retrouver du sens dans son travail. C’est pour cette raison qu’elle a intégré le Master Etudes sur le Genre, parcours Corps et Biopolitique en 2018 : « Je suis tombée sur une interview de Nahema Hanafi dans le journal Le Monde où elle évoquait le nouveau Master Etudes sur le Genre, entièrement à distance et pensé pour les personnes déjà en emploi ». Elle explique avoir toujours été passionnée par les recherches mais le Master lui a permis d’avoir « un cadre, une méthode et un sens dans la recherche », « c’est comme ça que je suis tombée amoureuse de la recherche » ajoute-t-elle.

Son mémoire, intitulé « Culture du viol : à la veille du scandale Weinstein, la fiction télévisuelle face à ses responsabilités » et réalisé dans le cadre du parcours Corps et Biopolitique a reçu le Prix du master 2020 du GIS Institut du genre. A travers ce sujet, elle explique avoir eu le souhait de travailler sur un sujet de société actuel, mais également « faire rentrer le concept de rape culture (culture du viol) dans le champ académique français […] qui n’avait jamais été appréhendée auparavant ». Aussi, elle tenait particulièrement à aborder le sujet sous un angle positif, c’est-à-dire de faire prendre conscience de la volonté de certaines personnes de travailler sur ce sujet afin de sortir de la culture du viol dans le cinéma, et l’importance de s’appuyer sur ces initiatives. Nicole Bastin questionne, à travers ce mémoire, si la fiction télévisuelle antérieure à l’ère #MeToo avait déjà entrepris une démarche de déconstruction de la culture du viol. Elle a donc développé son analyse autour de deux séries dont les diffusions ont eu lieu peu de temps avant les révélations de l’affaire Weinstein, et montre que « même si les deux séries sont très différentes par leur approche, […] elles ont beaucoup de points communs ». Elle analyse à ce titre comment ces deux séries traitent du trouble de stress post-traumatique en s’appuyant sur des recherches, montrent que ces violences sont perpétrées principalement dans la sphère intime, de la part de personnes proches, mais aussi mettent en avant la capacité de résilience des femmes victimes de violences et ce, dans la sororité. Ainsi, il s’est agit de présenter une autre vision des violences faites aux femmes à travers la fiction.

Selon elle, il est nécessaire de prendre en considération « pouvoir de la fiction, qui peut être autant délétère que révolutionnaire », elle ajoute « qu’il y a des prises de conscience qui peuvent se faire par la représentation populaire, et elles peuvent être autant dans l’intime […] que dans le collectif », ce qui permet de se saisir à un moment donné d’un sujet de société.

Depuis deux ans, Nicole Bastin poursuit des recherches dans le cadre d’un doctorat, en travaillant sur une thèse au sujet des violences de genre en lien avec les jeux vidéo. En parallèle, elle encadre les recherches de cinq stagiaires effectuant le DIU Etudes sur le Genre à Rennes 2 et a pour projet d’animer un module d’enseignement de ce même DIU.

Déjà titulaire d’une licence et d’un master en psychologie, Edward González Cabrera a choisi le Master études sur le Genre de l’Université d’Angers pour son approche pluridisciplinaire et la flexibilité permise par l’enseignement à distance. « On s’organisait comme on le souhaitait et puis on avait deux moments de rencontres, des séminaires, où c’était vraiment intéressant parce qu’on voyait la diversité de parcours des gens qui y étaient, les différents profils, les différents domaines, les différentes zones géographiques… » dit-il à propos du master.

Il a réalisé un mémoire de recherche dans le parcours « Corps et Biopolitique » qui a reçu le Prix du master 2020 du GIS Institut du genre pour sa riche analyse de la production des capitaux corporels genrés dans les salles de sport. « J’ai commencé à identifier des choses qui m’interpellaient, sur les interactions entre les personnes, la façon d’occuper l’espace, la façon d’utiliser les équipements, la relation entre les clients et les personnels de la salle du sport. » explique-t-il. Fréquentant les salles de sport, Edward González Cabrera observe en effet des usages différenciés selon le genre des équipements et des espaces de la salle, résultant en des techniques et des transformations du corps genrées. Il interroge alors la salle de sport comme un espace de production de capitaux corporels genrés et se penche plus particulièrement sur les masculinités et leur hiérarchisation dans cet espace : « les hommes travaillaient le corps plutôt pour se muscler à outrance et notamment le haut du corps, les bras, les pectoraux, les biceps… […] on ne transforme pas les corps de façon aléatoire. La transformation du corps est vraiment influencée par le genre. »

Aujourd’hui, Edward González Cabrera poursuit ses recherches dans le cadre d’une thèse en cotutelle entre la France et le Brésil qui est le pays d’Amérique du Sud comportant le plus de salles de sport. Cette comparaison transnationale lui permet « une lecture un peu plus ample, en considérant des questions liées au territoire, à l’identité, à la globalisation… Et bien évidemment, en interrogeant tous les rapports, rapports sociaux de genre, de classe et de sexualité. »

Alice Laurent-Camena a décidé de reprendre ses études en 2018. Elle s’est inscrite en 2^e année du master Études sur le genre de l’université d’Angers, après avoir suivi un premier master de direction de projets culturels à Grenoble et avoir exercé dans des salles de spectacles. « J’ai repris mes études car ce sont des thématiques qui m’intéressent de longue date et qui croisent à la fois des engagements personnels et ce que j’avais pu voir dans mes précédentes études, explique-t-elle. J’avais envie d’avoir une autre grille de lecture ».

Durant ce master, et au sein du parcours « Corps et biopolitiques », Alice Laurent-Camena a mené une recherche sur les « Femmes aux Platines » qui a reçu en janvier 2020 le Prix du master 2019 du GIS Institut du Genre, une structure qui regroupe 31 universités et organismes engagés dans la recherche sur le genre. Ce mémoire s’attache à observer les trajectoires de femmes DJ dans trois villes françaises de taille moyenne. « Les femmes que j’ai eu l’occasion de suivre n’étaient pas à proprement parler des professionnelles, dans le sens où elles n’en vivaient pas, même si elles étaient rémunérées pour leurs prestations et bien implantées dans leur région et leurs scènes locales ».

Comment les femmes évoluent-elles dans cet univers culturel, nocturne, dominé par les hommes ? Comment les femmes se positionnent-elles dans cet environnement ? Ce sont quelques-unes des questions centrales qui traversent le mémoire d’Alice Laurent-Camena. « C’est un milieu qui présente évidemment des spécificités, mais j’ai pu retrouver des éléments communs avec ce que j’ai pu lire dans des études sur les inégalités de genre dans d’autres milieux artistiques, comme le jazz, le rock, ou l’art contemporain… », résume-t-elle.

Après la soutenance de son mémoire, ses recherches se sont poursuivies en doctorat dans le laboratoire Arènes UMR 6051 de l’Universités Rennes 2. Plus précisément, la thèse de Laurent-Camena s’intéressent aujourd’hui « au déroulement des carrières artistiques dans le monde de l’art des musiques électroniques en France, au prisme de rapports de genre et des rapports entretenus au féminisme ».